abo Fraude dans la recherche Alzheimer: faut-il jeter le bébé avec l'eau du bain?

Neurologue et chercheur, Giovanni Frisoni dirige le Centre de la mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève. | Courtoisie
Neurologue et chercheur, Giovanni Frisoni dirige le Centre de la mémoire des Hôpitaux universitaires de Genève. | Courtoisie

Un scandale de fraude scientifique secoue la planète Alzheimer. La semaine dernière, la revue Science a révélé qu’un groupe de recherche influent de l’Université du Minnesota avait sans doute publié des données falsifiées dans des articles influents. Un programme de recherche de plus de vingt ans s’en trouve fragilisé, mais dans quelle mesure? Le Pr Giovanni Frisoni, responsable du Centre de la mémoire des HUG et chercheur très réputé dans le milieu, nous livre son analyse.

Heidi.news – Quelle a été votre première réaction à l’annonce de cette probable fraude scientifique?

Giovanni Frisoni – Si j’étais un lecteur lambda, je pourrais penser que toute la recherche Alzheimer est pourrie. C’est une tâche sur la réputation de tout le domaine. A titre de précision, je suis neurologue clinicien spécialiste d’Alzheimer, et pas spécialiste de la neurobiologie de l’amyloïde, donc ce sont des recherches sur lesquelles je m’appuie plutôt que des recherches que je mène moi-même. Mais même en tant que chercheur, ça secoue et ça fait réfléchir.


Un rappel des faits

Science a révélé le 21 juillet 2022 que jusqu’à une dizaine d’articles de chercheurs de l’Université du Minnesota, aux Etats-Unis, contenaient des figures sans doute manipulées, ce qui jette un doute sur la qualité des recherches en cause. Lesquelles ont contribué à confirmer l’hypothèse amyloïde, le cadre explicatif central sur l’origine de la maladie d’Alzheimer.

Les soupçons de falsification se concentrent sur un chercheur d’origine française, Sylvain Lesné, chef d’équipe à l’Université du Minnesota, qui n’a pas souhaité répondre à la revue. Karen Ashe, figure du domaine et auteur sénior de certaines de ces publications, s’est néanmoins exprimée dans la presse locale. Elle s’estime «trompée» par son co-auteur mais juge que l’impact de la fraude potentielle a été «déformé de manière flagrante» par la revue – autrement dit, que son travail reste essentiellement valide.


Le dossier vous paraît convaincant?

Je ne connais que ce qui est sorti dans la presse mais oui, il me semble convaincant. Je ne connais pas personnellement le chercheur de l’Université du Minnesota mis en cause, le Dr Sylvain Lesné, avant ce scandale son nom ne me disait rien. J’ai bien sûr déjà croisé Karen Ashe, la chercheuse senior et sa cheffe, qui est une personne très réputée dans le domaine. Elle est mise en cause parce qu’elle aurait dû être plus prudente et attentive à la véracité des résultats produits.

Lire aussi: Des soupçons de fraude jettent le doute sur 20 ans de recherches Alzheimer

Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est l’hypothèse amyloïde, dans le cadre de laquelle travaillait l’équipe de l’Université du Minnesota?

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