Outre les aspects transversaux abordés tels que la Stratégie énergétique 2050 et les normes, la pollution lumineuse et les économies d'énergie ont constitué les thèmes-clés de cette conférence qui s'adressait principalement aux ingénieurs, aux planificateurs et aux installateurs-électriciens. Les 23 stands ont, de plus, permis aux personnes intéressées, venues en nombre, de se faire une idée des systèmes et produits existants et à venir.

Comme l’année passée en ligne, c’est à Grégory Bartholdi, SLG, qu’est revenu l’honneur d’accueillir les invités et de présenter les intervenants. Florian Stuker, de l’Institut fédéral de métrologie Metas, a donné le coup d'envoi des deux thèmes, soulignant dans son exposé l'importance du respect de la Stratégie énergétique 2050, qui vise à économiser l'électricité et à se détourner de l'énergie nucléaire. Selon la Déclaration de Davos de l'année 2018, la consommation d'électricité devrait être réduite de 6% d'ici 2025. Les outils utilisés à cet effet sont les LED, les capteurs et la gradation automatisée. Florian Stuker a présenté les technologies de détection de présence existantes telles que les ultrasons, la haute fréquence, les caméras, l'infrarouge (détecteurs infrarouges passifs PIR) et d'autres comme les scanners laser. En tant que premier laboratoire d'essai indépendant au monde pour la norme CEI 63180:2020, Metas a mis au point un processus de mesure entièrement automatisé. Florian Stuker a montré différentes configurations de mesure utilisant une reproduction d’un corps entier en tant qu’objet à détecter, placé dans une installation d'essai définie. Il est important de définir très précisément la configuration pour que les résultats de mesure puissent être quantifiés de manière fiable par rapport aux références.

Session Éclairage: réduire la consommation

Après ces premières explications, la conférence s'est divisée en deux sessions, Éclairage et Domotique: Xavier Lauber, de Regent SA, a présenté la technologie innovante RUN+, développée et brevetée par Regent Lighting, basée sur un film ultrafin directement intégré au diffuseur. Cette solution esthétique et quasiment sans perte est particulièrement adaptée à l'environnement bureautique et répond à toutes les normes d'éclairage des espaces de travail.

L'auditoire a pu participer activement aux thèmes abordés pendant les exposés: des questions pouvaient être posées au moyen d'un code QR, auxquelles les intervenants répondaient après chaque exposé. À la question relative à la durée de vie de cette installation, Xavier Lauber a répondu qu'il s'agissait des mêmes matériaux que ceux utilisés dans des systèmes comparables et que la durée de vie n'était donc pas altérée ou prolongée. Une autre question, également intéressante, a porté sur la largeur du système, qui est limitée à 15 cm.

En ce qui concerne les économies d’électricité, Michael Serra, de Swisslux SA, a présenté une solution d’éclairage intelligente grâce à laquelle la lumière n’est allumée que lorsqu’elle est nécessaire. Il est surprenant de constater qu’aujourd’hui encore, 85% des nouveaux bâtiments sont gérés de manière conventionnelle et que seuls 15% sont basés sur des solutions intelligentes. Il préconise un système d’éclairage adaptatif simple, basé sur une communication par radio, pouvant être influencé au besoin par le biais d’un smartphone via Bluetooth, et pour lequel le confort et la sécurité ont la priorité.

Enfin, à l'aide de différents exemples pratiques, Yann Zmirou, d'Ilico, a présenté des solutions sur mesure qui conviennent également aux petites entreprises et qui répondent individuellement aux besoins des utilisateurs. Des solutions intelligentes permettent ainsi de réduire considérablement l'éclairage artificiel et les émissions de CO₂.

Session Domotique: l’analyse comme base

Parallèlement à la session Éclairage, Roger Dumont a animé la session Domotique (Smart Home), qui a été ouvert par Pierre-Yves Diserens, de l'Aéroport international de Genève. En collaboration avec les SIG (Services industriels de Genève), la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération ainsi que les plans correspondants du canton et de la ville de Genève sont mis en œuvre par le biais de projets concrets concernant la consommation d'énergie actuelle de l'aéroport, qui s’élève à 100 GWh par an. Cela implique non seulement une analyse minutieuse de la situation en ce qui concerne les tarifs énergétiques et les profils de consommation, mais aussi les pertes de distribution pour le chauffage/refroidissement/ventilation, l'éclairage et les autres consommateurs (escaliers roulants, convoyeurs à bagages, etc.). Il semble encore presque plus important de définir ce dont l’aéroport aura vraiment besoin à l'avenir comme minimum absolu. Sur cette base, un développement quantitatif des besoins énergétiques futurs s'appuie sur des technologies de productions renouvelables (p. ex. PV, pompes à chaleur) qui peuvent être mises en réseau et exploitées de manière optimale grâce à l’utilisation de données en temps réel, ainsi que coordonnées avec les besoins.

Jean-Philippe Suter, de Gitcad, a repris le fil de la numérisation de manière directement interactive avec le public: qu'est-ce que le BIM (Building Information Modeling) pour les auditeurs? Modélisation, avenir, jumeau numérique (digital twin), collaboration, visualisation, beaucoup de données, informations cohérentes, etc, pour ne citer que les principales réponses du public. Lui-même a misé sur les quatre notions suivantes: méthode, organisation, règles et processus. Celui qui a besoin de données peut y accéder. Ici aussi, l'importance de la clarification initiale des besoins et des objectifs à poursuivre avec le système a été démontrée. Enfin, il ne faut pas seulement investir dans les systèmes, mais aussi et surtout dans la formation des collaborateurs - cela coûte certes plusieurs fois plus cher dans un premier temps, mais le retour sur investissement est nettement plus important et favorise la collaboration en réseau entre toutes les disciplines impliquées.

Philippe Donnet, Défi Technique SA, a finalement donné un aperçu de l'intégration de capteurs et d'actionneurs dans un système KNX, a expliqué différents aspects d'application et a recommandé, lors de la séance de questions-réponses, de miser directement sur le standard Dali-2 plus moderne pour le contrôle de l'éclairage, car celui-ci produit des résultats nettement plus prévisibles dans un système de bus KNX pour la mise en réseau de bâtiments.

Exemples appliqués: éclairage circadien

Après un repas revigorant, l'auditoire a été transporté l'après-midi dans le monde des exemples appliqués. La session d’exposés dédiés au domaine de l’éclairage a été ouverte par Silvia Coccolo, de CC Architectes, et Thierry Voutaz, des CFF. Selon la devise «le meilleur éclairage est de ne pas éclairer», le nouveau Centre d'exploitation ferroviaire de Suisse occidentale, CE Ouest, à Renens, a relevé le défi consistant à prendre en compte la santé et le bien-être des employés dans le cadre d'un travail en équipe au moyen d'un système novateur de type circadien. Le projet CircadianHUB se focalise donc sur la couverture des besoins des utilisateurs. Des mots-clés tels que luminosité adaptée aux besoins, éblouissement, changement de la température de couleur, plafonds clairs, stores extérieurs, rideaux intérieurs ne sont que quelques exemples de la manière dont cette problématique complexe a été résolue.

À l'aide de présentations claires, Daniel Otter, d'Elektron, a ensuite présenté le système de gestion de l'éclairage Interact City, TrafficDIM, une plateforme évolutive grâce à laquelle l'intensité de l'éclairage est adaptée en fonction des besoins. Avec un capteur de mouvement, de vibration et de mesure du bruit, cela rend la ville encore plus sûre et intelligente.

Fabian Gilliéron, de Soluxa Suisse, a également présenté un système permettant d'adapter l'éclairage public en fonction de l'intensité du trafic. En Suisse, seuls 5% des luminaires sont commandés de manière intelligente, ce qui laisse entrevoir un grand potentiel d'amélioration.

L’évolution vers le bâtiment intelligent

Dans la partie Domotique, Adrien Casado, de la maison Alweol, a montré le chemin de l'évolution du bâtiment classique au bâtiment intelligent, en passant par le bâtiment automatisé, qui détecte ses habitants et ses utilisateurs en temps réel et en déduit leurs besoins, tout en poursuivant des objectifs de fond comme l'efficacité énergétique.

Christian Villar, de Sauter Builing Control, a ensuite proposé un aperçu de «The N», le siège social de Nespresso à Vevey: grâce au protocole machine-to-machine MQTT (Message Queuing Telemetry Transport), l'ensemble du bâtiment est mis en réseau en temps réel et les données peuvent être facilement visualisées à des fins d'évaluation via des logiciels standard tels que Microsoft Power BI. Il a été intéressant d'entendre son avis sur la question de savoir si une normalisation plus poussée des bâtiments permettrait une meilleure interopérabilité: il a déclaré en souriant que chaque bâtiment, avec toutes ses fonctions différentes, avait son propre caractère, ce qui nécessitait toujours une certaine adaptation à cette situation individuelle et ne pouvait pas être résolu uniquement par des règles uniformes.

Matthias Vogelsang, de Partner Ingenieure AG, a conclu le stream Smart Home par une excursion intéressante dans les parkings souterrains de nos parcs immobiliers. Il a montré comment ceux-ci pouvaient être adaptés de manière ciblée en plusieurs étapes d'extension grâce au nouveau calculateur en ligne du groupe de travail SIA 2060 afin de pouvoir accueillir l'infrastructure de recharge pour la mobilité électrique. Un exemple concret a été présenté avec une démonstration en direct, suivie d’une discussion animée avec le public sur les aspects architecturaux et électriques de l’infrastructure de recharge.

UNIL: une université exemplaire

Pour terminer la conférence, les participants se sont à nouveau réunis pour l'exposé final de Loïc Furci, de l'Université de Lausanne (UNIL), dédié au thème «Comment la domotique peut-elle aider à atteindre les objectifs de la société à 2000 watts». L’UNIL qui a obtenu la certification «Site à 2000 watts en transformation» en 2019, veut atteindre les objectifs de la Stratégie énergétique 2050 dès 2037. Les mesures prévues s’étendent de la gouvernance du projet à la sensibilisation des utilisateurs et incluent divers projets d’optimisation énergétique tels que celui consistant à passer au low-tech.

Une conférence qui, une fois de plus, a été une belle occasion d'échanger entre experts à propos de projets innovants. Le prochain FRED aura lieu le 7 juin 2023 au Palais de Beaulieu à Lausanne.